Mon filtre se remplit (trop) vite !
On est parfois étonné de la vitesse à laquelle les filtres se saturent en gaz halogénés, mais est-ce la rapidité ou la lenteur de remplissage du filtre qui doit nous préoccuper ?
Comme nous l’avons déjà vu, le remplissage du filtre dépend directement de la consommation des gaz halogénés, puisque c’est l’agent anesthésique qui est absorbé par le filtre et qui lui fait prendre en masse jusqu’à dépasser le seuil de 1 kg (critère pour changer le filtre Anidev). Donc plus on réalise d’anesthésies, plus le filtre se remplit vite, et cela signifie que le filtre est d’autant plus efficace car absorbant bien tous les gaz résiduels.
La question qu’on pourrait éventuellement se poser est davantage « Pourquoi mon filtre dure aussi longtemps malgré mes nombreuses anesthésies ? »
En effet, c’est dans cette question que réside le principal risque :
Si le filtre ne prend pas en masse, ça veut dire qu’il n’a pas l’occasion d’absorber les gaz halogénés qui devraient le traverser… Donc les gaz vont ailleurs… Donc dans l’environnement de travail…
Recherches de fuites
La cause à rechercher est la présence de fuites dans le circuit anesthésique. En effet, les gaz empruntent la voie qui présente le moins de résistance. Si le circuit n’est pas étanche, il est très probable qu’une large partie des gaz s’échappe par ces zones de faiblesses, contaminant l’environnement et ne passant pas par le filtre.
L’odeur d’isoflurane n’est perceptible qu’à partir de concentrations déjà beaucoup trop élevées dans l’air, donc il est faux de se dire « je n’ai pas de fuite car je ne sens pas l’odeur de l’iso ». Il est nécessaire de réaliser les tests d’étanchéités très régulièrement sur ses circuits anesthésiques pour détecter les fuites.
Des pratiques polluantes
Certaines pratiques anesthésiques induisent qu’une certaine dose de gaz anesthésique va être nécessairement relâchée dans l’environnement. Notons par exemple :
> L’usage de cage d’induction : pour remplir le volume de la cage avec une concentration de gaz halogénés suffisante pour l’anesthésie de l’animal, il est nécessaire d’utiliser un fort débit d’oxygène avec une fraction en gaz halogénée élevée. Cependant, la majeure partie va être libérée dans l’environnement de travail lors de l’ouverture de la cage.
> L’usage de masque : les fuites au niveau du masque diminuent d’autant les gaz récupérés par le filtre à charbon.
> L’anesthésie en elle-même : il peut survenir des manques d’étanchéité entre la sonde d’intubation et la trachée de l’animal, malgré le ballonnet.
Bien que difficilement évitables, ces éléments sont à prendre en compte lors de la réalisation de ces actes, et en tout cas, ils peuvent justifier un shunt du filtre anesthésique, empêchant la bonne captation des gaz halogénés résiduels.